Mort de la guerre 1939-1945

 

 

 

LEPITRE Abel Félicien, mort pour la France le 02/07/1940 à 10 Coursan en Othe.

 

Né le 15-11-1899 à Chigny les Roses 51.

 

C'est dans le petit village de Ludes-le-Coquet, niché au pied du coteau délimitant le vignoble de la grande Montagne de Reims, qu'Abel Lepitre (1900-1940) crée en 1924, sans grands moyens financiers la Maison de Champagne qui porte aujourd'hui encore son nom.
Originaire d'une famille de vignerons, Abel Lepitre, maîtrisant parfaitement les techniques de vinification et de champagnisation, réussit rapidement à donner à ses vins une place enviable sur le marché français et à l'exportation.

 

A la veille de la seconde guerre mondiale, la maison Abel Lepitre expédie annuellement environ 100 000 cols, à une époque où la production champenoise ne dépasse pas 25 millions de bouteilles.

 

En 1940, Abel Lepitre décède sur le chemin de la captivité en Allemagne à l'âge de 40 ans, à Coursan en Othe dans l’Aube. Son fils Jacques (1926-1988), âgé seulement de 14 ans, ne reprendra la maison paternelle qu'à la fin du conflit, d'abord auprès de sa mère, Marie Lepitre, puis rapidement Jacques prend l'entière responsabilité de la Maison. Pendant ces années difficiles, il est utilement conseillé par le courtier, Marcel Fignerolles

 

Assassiné comme résistant

André WATIER est né le 7 février 1901 à Chigny-les-Roses.

 

Capitaine de réserve, père de cinq enfants dont le plus jeune est né en 1940, il est instituteur puis professeur à Reims, d'abord à l'École professionnelle supérieure puis au Collège moderne et technique, en même temps que chef de travaux à l'École de médecine et professeur à l'École supérieure de commerce. Domicilié à Ludes, il y constitue un groupe de résistance.

 

Le 24 août 1944, il est arrêté à son domicile et conduit à Verzenay à la Ferme de l'Espérance. Le 27 août, il est exécuté à la mitraillette à quelques centaines de mètres de la ferme par le milicien René Lentremy, en même temps que Rufin Waïda et Henri Tourte. Son corps est jeté dans un fossé et recouvert de branchages.

 

Le nom d'André Watier est inscrit sur le monument aux morts de Ludes avec, par erreur, la mention « déporté ».

 

À Châlons-en-Champagne, il figure sur la plaque 1939-1945 érigée à l'École normale de garçons, transférée ultérieurement dans la cour d'honneur de l'IUFM (ex École normale de filles).

 

À Reims, son souvenir est conservé dans le square des victimes de la Gestapo, sur la plaque « des maîtres de l'école laïque, sur la plaque commémorative 1939-1945 du personnel de la Ville de Reims, et sur une plaque apposée à l'intérieur du lycée Roosevelt.

 

Morts en déportation

 

NAGEOT Jean Alfred

 

Il est né le 8 mai 1899 à Ludes-le-Coquet (Marne) sous le nom de sa mère, Noélie Régina PETIT, 27 ans, manouvrière. 
Le 7 décembre 1901 Joseph Eugène Nageot, 32 ans, « domestique de culture », reconnaît et légitime l’enfant en se mariant à la mairie de Ludes avec Noélie Petit, (cuisinière). Jean Nageot a trois sœurs et un frère cadets : Marguerite, née en 1904, Alfred, né en 1905, Yolande, née en 1906 et Jeanne, née en 1910.

 

Jean Nageot est voyageur de commerce. Il se déclare jardinier au moment de son interrogatoire à Auschwitz. Il se marie le 24 juin 1922 à Bazancourt (Marne), avec Lucienne Renée Cousin. Elle est née en 1902 à Verzenay (Marne). Le couple a un garçon, Jean-Gilbert, qui naît en 1929 à Verdun (il est décédé en 1989).

 

En 1931, la famille habite au 21 avenue de la 42e Division à Verdun. Il travaille à cette date comme voyageur de commerce pour le compte de la société « Mondial Nouveautés ». En 1938, Jean Nageot est un des lauréats d’un concours organisé par le « Bulletin meusien », organe du Groupement fraternel des réfugiés et évacués meusiens. La famille habite alors au n° 31 de l’avenue de la 42e Division.

 

On sait qu'il a été mobilisé à la déclaration de guerre de 1939, et fait prisonnier.

 

Il habite à Verdun (Meuse) au moment de son arrestation.  D'après la teneur de sa lettre du 24 avril 1942, il ressort qu'il a dû être membre du Parti communiste avant sa dissolution. Dans cette lettre adressée (« en douce » écrit son neveu) à son frère et à sa soeur, il leur décrit son « odyssée depuis ma rentrée de prisonnier. Ce n’est guère réjouissant. Les premiers moments de cette vie nouvelle ont été très déprimants. Mais petit à petit j’ai remonté ce moment de dépression, car que peut-on me reprocher depuis août 1929, rien et rien avant 1939, nous étions tous des citoyens libres, et libres aussi de penser à notre guise ». 

 

Fin juin 1940, La Meuse est occupée : elle est avec la Meurthe-et-Moselle et les Vosges dans la « zone réservée » allant des Ardennes à la Franche-Comté.  La présence militaire, policière, administrative et judiciaire de l'occupant y est nettement plus importante que dans le reste de la zone occupée.

 

La région est essentiellement agricole et le Parti communiste (3% des voix aux élections de 1936) y est presque inexistant. Son activité est pratiquement interrompue après l'arrestation, entre le 21 et le 23 juin 1941, de vingt communistes qui sont internés à Compiègne, antichambre de la déportation. Parmi eux Jules Allaix, Lucien Bonhomme, Adrien Collas, Pierre Collas, Charles Dugny, Henri Fontaine, Antoine Laurent, Pierre Lavigne, Jean Nageot, Jean Tarnus, qui seront tous déportés à Auschwitz, le 6 juillet 1942.

 

On ignore la date précise de son arrestation, mais il est vraisemblable qu'elle se situe comme celle des autres meusiens entre le 22 juin et le 23 juin 1941. Dans ce cas elle a lieu dans le cadre de la grande rafle commencée le 22 juin, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique. Sous le nom «d’Aktion Theoderich», les Allemands, avec l’aide de la police française, arrêtent plus de mille syndicalistes et/ou communistes dans la zone occupée.

 

D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par l'armée allemande, les meusiens sont envoyés, à la demande des autorités allemandes, le 27 juin 1941, au camp de Royallieu à Compiègne (Oise), le Frontstalag 122, administré par la Wehrmacht et qui ce jour-là devient un camp de détention des “ennemis actifs du Reich”.

 

Selon Henri Pasdeloup, le groupe des meusiens est immatriculé à Compiègne le 28 juin 1941 entre les numéros 542 et 564. Il mentionne la présence de Jean Nageot parmi eux. Selon Jean Éloi, son neveu, Jean Nageot réussit à faire passer à sa femme une lettre "passée en douce depuis Compiègne ou il attendait… il ne savait pas quoi".

 

Jean Nageot est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 ». Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en France, les « judéo-bolcheviks » responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.  Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro "45917".

 

Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a été pas retrouvée parmi les 522 photos que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz. 

 

Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

 

Jean Nageot meurt à Auschwitz le 22 août 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz. L'arrêté ministériel du 13 mars 1995 portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes de décès (J.O. du 6 avril 1995), reprend la date fictive portée, sans lieu de décès, sur son état civil à la Libération "décédé le 15 août 1942 (sans autre renseignement)".

 

Le 3 juin 1945, son épouse, comme des dizaines d'autres épouses de déportés, fait paraître une demande d'informations dans "L’Est Républicain", à la rubrique « Recherche de déportés » destinée à recueillir des informations auprès des déportés rescapés.

 

Selon son neveu, Jean Eloi (de Dorval, Province de Québec, Canada), c'est par une lettre d'un survivant que sa tante apprit la mort de son mari à Auschwitz.

 

Son nom est inscrit sur le monument à la mémoire des "Enfants de Verdun morts pour la France", sur la murette de droite sont gravés les noms des prisonniers, déportés, F.F.I. 

 

Morts en déportation

FORBOTEAUX Edmond Just, né le 18 octobre 1904 à Ludes, fils d'Henri Louis Forboteaux et de Julia Clément.

 

Marié à Carmen Gabrielle Regard le 7 avril 1928, avec qui il a eu 6 enfants s'appelant Henri (1932-1932), Georges Henri (1934-1979), Jacky (1936-2000), Serge né en 1939, Claude (1942-1942) et Jean-Claude (1944-1944).

 

Agent d'assurances, militant socialiste et syndical, il est membre de la Commission exécutive de l'Union des syndicats ouvriers de la Marne. Il occupe aussi les fonctions de comptable et de secrétaire du personnel des Hospices de Reims.

 

Fait prisonnier en juin 1940, il s'évade et rentre à Reims fin août 1940. En octobre 1941, il est membre de l'état-major de Libération-Nord, responsable du recrutement, de la prise en charge des réfractaires du STO et de la fabrication de fausses cartes d'identité et d'alimentation. En février 1944, il fait partie du premier Comité départemental de libération nationale (CDLN) au titre de Libération-Nord avec Robert Duterque. Avec lui il participe au printemps 1944 à la rédaction du premier numéro de L'Union clandestine.

 

Arrêté le 13 juin 1944 à Reims, il est interrogé brutalement au siège de la Gestapo de Reims, puis à nouveau à la prison de Châlons-sur-Marne. Transféré le 8 juillet à Compiègne, il est déporté comme résistant le 15 juillet 1944 à Neuengamme (matricule 37 093), où il est astreint au travail forcé à la briqueterie.

 

Les informations concernant la suite de sa déportation sont contradictoires. Le JO du 18 juin 2009 le dit décédé à Neuengamme dès le 20 juillet 1944. Le Livre mémorial des déportés de France le déclare disparu en avril 1945 sans plus de précision. Le témoignage de camarades déportés permet cependant de reconstituer son parcours. Edmond Forboteaux a été affecté au Kommando de Bremen-Farge, puis dans un Kommando de déblaiement à Hambourg. Très affaibli, il a été ramené au Revier de Neuengamme, puis évacué dans un transport de malades en direction de Lübeck-Neustadt. Il a vraisemblablement disparu dans le naufrage des bateaux allemands coulés par l'aviation britannique, le 3 mai 1945, en baie de Lübeck.

 

À Reims, une plaque commémorative est apposée en 1947 par la municipalité à son domicile 14, rue Machet. Son nom est inscrit sur le monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation, sur la stèle élevée par le Parti socialiste SFIO au cimetière du Nord et sur la plaque apposée à la Bourse du Travail, aujourd'hui Maison régionale des syndicats. Une allée du quartier des Épinettes porte son nom depuis 1973.